mardi 12 mars 2024

Sous la peau


1. L'auteur : Jean François Dumont


2. Résumé de l'œuvre

Jean Bo est un jeune homme d'origine Burundaise qui a été adopté par un couple de belges dans son très jeune âge suite à la mort de ses parents. Depuis quelques temps, la question de ses origines le taraude. Lors de ses investigations, il découvre qu'il avait été déposé à l'orphelinat par un oncle. Il décide de se rendre au Burundi pour retrouver le reste de sa famille et comprendre un peu plus son histoire.

De son côté, après des études de philosophie, Laurent a fait un noviciat de 2 ans auprès d'une communauté de moines bénédictins. A sa grande surprise, les moines n'ont pas accepté qu'il s'engage plus avant dans cette voie-là. De retour dans la vie civile, il doit essayer de retrouver un sens à une vie qu'il croyait jusqu'ici toute tracée. Son choix se porte rapidement sur le métier de journaliste.

Helène est employée à l'ONU, elle a la quarantaine et mène une vie rangée entre son mari et ses deux enfants. Elle est envoyée pour quelques jours au Burundi pour enquêter sur la situation des personnes atteintes d'albinisme. Cette mission tombe bien car elle a justement besoin de s'éloigner un peu de son mari.

Jean Bo, Laurent et Hélène se retrouvent au même endroit en Afrique et, malgré leurs différences, ils vont immédiatement se lier d'amitié.

3. Avis personnel

Les 3 personnages que l'on suit dans ce roman sont très attachants. Le sujet de l'albinisme est, comme l'indique la quatrième de couverture, rarement traité en littérature. Ici le sujet est très bien abordé. C'est triste et violent mais nos trois héros nous prouvent que toute humanité n'est pas perdue.

Il est peut-être un peu dommage d’avoir accordé autant d’importance à l’histoire de Hélène par rapport à celles de ses deux comparses. Comme si sa souffrance était plus forte que celles de Jean-Bo ou celle de Laurent.

La plume de Jean-François Dumont est très agréable. C'est un auteur que je relirais avec plaisir.

jeudi 14 septembre 2023

Croissance verte et décroissance - Posons nous les bonnes questions


1. L'auteur : Bernard Christophe

2. Résumé de l'œuvre 
A travers 17 questions, l'auteur nous montre dans un premier temps qu'il est impossible de décorréler la courbe de croissance d'un pays (le PIB) de sa courbe énergétique. Malgré les efforts fournis, plus de PIB signifie toujours plus de consommation d'énergie donc plus de production de gaz à effet de serre. Il est très peu probable que  le développement massif de la production d'énergie renouvelable absorbe nos besoins actuels en plus de ceux d'une société en croissance. En tout cas pas dans les délais imposés.

Dans un second temps, Bernard Christophe nous rappelle que la croissance verte repose sur 3 piliers :
    - La fin de l'obsolescence programmée (qui implique une réduction des emplois)
    - La mise en place d'une économie circulaire basée sur le recyclage (qui implique aussi une baisse des emplois et peut-être une surconsommation des biens).
    - Le développement d'une économie de la fonctionnalité (louer plutôt que posséder, partager/échanger des biens et services mais cela engendrerait un manque à gagner pour les industriels).
La croissance verte implique donc une décroissance et il conviendra d'envisager une assistance pour les personnes impactées (revenu universel ?).

De plus, on peut distinguer la décroissance voulue de la décroissance subie. 
    - La décroissance voulue : Dans le cas où la population s'emparerait elle-même d'un sujet, modifierait ses habitudes de consommation, l'état n'aurait plus qu'à légiférer ce qui est déjà appliqué sur le terrain. (Bottom->Up). C'est le scénario le plus souhaitable qui éviterait des conflits avec le monde politique. 
    - La décroissance subie : A l'inverse, certains sujets devront passer en premier lieu par une volonté de l'état. Celui-ci devra notamment légiférer pour les entreprises bloquées dans l'engrenage de la croissance économique infinie. (Top->Down). Ce scénario est à éviter autant que faire se peut car on sait qu'elle engendre des conflits parfois violents (gilets jaunes par exemple);

On note plusieurs freins à la décroissance :
    - On ne peut empêcher la population mondiale de croître
    - On ne peut empêcher les pays pauvres de se développer
Par contre, on peut peut-être influer sur les excès de consommation des occidentaux.

Une des solutions proposées est d'utiliser la notion de "taux d'intérêt négatif" mais aussi de redéfinir la notion de PIB, de donner de nouveaux outils d'analyse aux entreprises...

3. Avis personnel
Bernard Christophe est professeur en science de gestion, pour faire simple, il est comptable et spécialiste des questions environnementales en entreprise. Certaines chapitres de ce livre s'adressent plus au contrôle de gestion qu'au citoyen lambda
Mis à part ces parties un peu techniques pour moi, j'ai trouvé les thèmes abordés très intéressants. Il conclue son texte en disant que la décroissance n'est pas impossible mais qu'il faut donner envie. Il faut convaincre les gens et les entreprises du bien fondé de la décroissance, leur montrer que c'est possible sans tomber dans la paupérisation ou le déclin. Cela va toutefois à l'encontre de tout ce que l'on nous apprend depuis un siècle voire plus. Revoir toute notre façon de penser en quelques décennies, ce n'est pas évident.

lundi 14 août 2023

Mon bel oranger


1. L'auteur : José Mauro de Vasconcelos

2. Résumé de l'œuvre 
Zézé a 5 ans. C'est un petit garçon chétif particulièrement intelligent, vif d'esprit et sensible. Malheureusement, il fait beaucoup de bêtises et dit des gros mots qui lui valent d'être régulièrement battu par les membres de sa famille.
Quand on s'aperçoit qu'il est capable de lire sans même avoir jamais appris, il est envoyé à l'école, ceci pour éviter d'avoir à le surveiller toute la journée.
Zézé est très attaché à son petit frère, Luis, à qui il raconte toutes sortes d'histoires. Sa sœur Gloria, son aînée, s'occupe de lui comme une mère. Elle ne le bat jamais. Leur mère est harassée par le travail, surtout depuis que son mari a perdu le sien. C'est sur elle que repose la survie de la famille et cumule plusieurs emplois, elle n'a donc plus de temps pour ses enfants. Le père, lui, est absent, plombé par la dépression. 
Le petit garçon s'invente un monde imaginaire. Il se confie à un arbre qu'il nomme Minguinho. Il apprécie particulièrement sa maîtresse mais se fait disputer quand on apprend qu'il vole des fleurs pour les lui offrir.
Il est plein de colère contre le monde des adultes, si injuste qu'on le prive de cadeau de Noël faute de moyens financiers.
Au détour de l'une de ses bêtises, il fait la connaissance d'un vieil homme qui s'attache à lui. Ils se fréquentent en cachette et Zézé se sent si à l'aise avec lui qu'il lui demande un jour de devenir son père. L'homme, bien que touché, refuse mais lui promet de veiller sur lui.

3. Avis personnel
Ce récit est très touchant. J'ai souri et pleuré plusieurs fois. Zézé adore apprendre de nouveaux mots et les répéter. Il fait tout un tas de bêtises qui mettent en danger les adultes et parfois lui-même. Il a toujours plein d'idées mais se fait toujours prendre et on le bat parfois tellement fort qu'il ne peut plus aller à l'école certains jours. 
Il est attachant et la fin est très belle.
C'est un roman de 1968. je trouve que la littérature enfantine (ici, on le conseille à partir de 11 ans) est très dure. Aujourd'hui, on fait lire des récit beaucoup plus lisses à nos enfants...

dimanche 30 juillet 2023

Gatsby le Magnifique


1. L'auteur :
F. Scott Fitzgerald

2. Résumé de l'œuvre
A travers le regard de Nick Carraway, un jeune courtier (on dirait trader aujourd'hui), on découvre progressivement le personnage de Gatsby, son voisin, si mystérieux et fascinant qu'il déclenche des rumeurs toutes plus extravagantes les unes que les autres. Il habitent tous deux sur West Egg, le côté de baie où vivent les nouveaux riches.
On parle même de cet homme de l'autre côté de la baie, à East Egg, où vivent les riches propriétaires, les rentiers. Nick, en effet, est cousin de Daisy, qui vit avec son mari Tom, un homme violent et sans élégance, et leur petite fille. Il est donc amené à faire des allers-retours entre les deux baies.
Rapidement, Tom lui présente sa maîtresse, la femme d'un garagiste. Daisy et lui ont fait un mariage par intérêt et aucun des deux n'est heureux dans son couple.
Un jour, Nick se rend à l'une des nombreuses fêtes organisées par son voisin, Gatsby, en compagnie de Jordan Baker, une belle joueuse de Golf professionnelle rencontrée chez Daisy. Il découvre un intérieur somptueux et des dizaines de personnes qu'il ne connait pas. Le principal sujet de conversation tourne autour de leur hôte. Chacun spécule sur ses origines et la source de sa richesse. Il paraitrait même qu'il aurait tué un homme ! 
Plus tard dans la soirée, Gatsby se présente à lui et lui propose de se revoir dès le lendemain matin. Nick est surpris de son brusque intérêt mais accepte, surtout pour assouvir sa curiosité.
A partir de cet instant, un drame va se jouer entre Tom, Daisy, la maîtresse de Tom et son mari, Gatsby lui-même sous le regard de Nick et de Jordan qui ne pourront que rester des témoins.

3. Avis personnel
Il est très étrange que le personnage principal d'une œuvre ne rentre en scène qu'à la soixantième page du roman. Avant cela, on le découvre uniquement à travers les ouï-dire des personnages secondaires et des rumeurs. Cela attise notre curiosité et on se demande avec le narrateur, qui il peut bien être vraiment.
C'est en cela je crois que cette œuvre est originale. 
Elle montre aussi de façon schématique la séparation et les dissonances qui existent entre les personnes riches de naissance et les nouveaux riches. Les deux mondes se croisent, tentent de cohabiter mais finalement, ils se déchirent toujours. Les arrivistes passent toujours pour des gens vulgaires auprès de des personnes issues de la noblesse ou de la haute bourgeoisie. Et de leur côté, les riches passent pour des personnes hautaines, distantes, froides. 

mercredi 26 avril 2023

La métamorphose


1. L'auteur :
Frantz Kafka

2. Résumé de l'œuvre 
Grégor Samsa se réveille un matin dans le corps d'un cancrelat. Sa première préoccupation va vers son travail. Il va être en retard s'il ne parvient pas à se lever et avec ses petites pattes et son dos très lourd, il n'arrive pas à s'extraire de son lit.
Il est commercial itinérant et travaille pour subvenir aux besoins de ses parents et de sa sœur de 17 ans à laquelle il est très attaché. Il éponge aussi les dettes de son père. Il a donc plusieurs vies qui dépendent de lui et de sa capacité à se lever chaque matin.
La porte de sa chambre est fermée à clef de l'intérieur et Grégor ne parvient pas à répondre aux appels de ses parents alertés par son retard puis par la venue du fondé de pouvoir de son employeur.
Au prix de nombreux efforts, Grégor parvient à se lever et à ouvrir la porte de sa chambre. De frayeur, le fondé de pouvoir fuit. Le père frappe son fils pour le faire rentrer dans sa chambre de force et l'enfermer.
La vie se réorganise en fonction de la nouvelle situation. Grégor culpabilise de ne plus pouvoir assumer ses devoirs envers sa famille. Seule sa sœur semble ne pas avoir peur de lui, elle vient le nourrir et entretenir sa chambre qui devient rapidement nauséabonde. Le père est obligé de retrouver un travail ce qui, au départ lui réussi car il semble plus jeune. Ensuite, il rentrera tellement fatigué qu'il ne pourra même plus quitter son uniforme, gagné, lui aussi, par l'épuisement du salariat.
Au fur et à mesure du temps, Grégor ne se nourrit plus, il vit reclus. Sa sœur, lassée de cette situation, entre un jour dans une rage folle et convainc son père de se débarrasser de lui.

3. Avis personnel
Au début du livre, Samsa est mûr pour la dépression. 5 ans qu'il travaille sans relâche pour que sa famille puisse garder un train de vie bourgeois. Il est épuisé. Grégor perd son humanité physique mais il garde son esprit alerte. Il apprend qu'il a été abusé, exploité par sa famille car il ne savait pas que son père avait encore de l'argent de côté et cela le soulage au lieu de le scandaliser. Malgré cette trahison, puis celle de sa sœur qui voudrait lui retirer tous les meubles de sa chambre pour qu'il puisse vive pleinement sa vie d'insecte géant, il leur reste attaché et fidèle. Il les aime. Il se révolte quand même contre le projet de déménagement de sa sœur en protégeant de son corps une affiche à laquelle il tient et qui le rattache à son humanité passée.
Sa métamorphose est une réaction contre le salariat et son asservissement. 

J'ai écouté cette nouvelle en prenant des notes. Ensuite, j'ai écouté une analyse du texte pour mieux la comprendre. Toutefois, je ne peux pas dire que j'ai aimé ce texte. Il est possible que ce soit à cause de la version traduite que je possède car la version audio était différente, plus accessible.
Cette nouvelle date de 1912 et nous décrit très bien le processus de burn out je trouve.

mardi 28 mars 2023

Petit traité politique à l'usage des générations écologiques

1. Les auteurs : Alain Papaux et Dominique Bourg 

2. Résumé de l'œuvre 
Difficile de résumer cet essai qui se penche d'abord sur le sujet de la transition écologique du point de vue du Droit. En effet, les droits de l'homme et le droit français tel que définis actuellement, ne correspondent plus à l'objectif commun qui vise à préserver la biosphère, la biodiversité de nos territoires.
Le Droit accorde trop d'importance, selon les auteurs, à la propriété privée, à l'individu. Pour s'ouvrir à l'altruisme nécessaire à la survie de l'espèce, il faut remettre en question ces notions fondamentales. L'homme a l'habitude de s'approprier des terres, à les léguer à ses enfants à sa mort. Presqu'aucune terre n'est actuellement sans propriétaire en France. Rendre la terre à la Terre sera difficile car nous ne sommes pas prêts à sacrifier nos acquis, même pour une bonne cause.

L'homme se sent plus libre en possédant, plus rassuré aussi. Mais est-on vraiment libre dans un monde fini, dans lequel les ressources sont limitées. On sait que notre liberté s'arrête là où commence celle des autres donc la liberté totale n'existe pas. Si l'on veut changer les choses, il va falloir moins consommer et prendre en considération la santé de la planète et celle des hommes vivant à l'autre bout du monde mais tout en gardant ce sentiment de liberté.

L'homme doit choisir de vivre autrement, plus simplement, mais cela nous oblige à nous débarrasser de nos vieilles habitudes (homo faber) pour développer enfin un peu de sagesse, d'altruisme (homo sapiens).

3. Avis personnel
Globalement, ce petit livre, plus philosophique qu'écologique est intéressant par le fait qu'il montre que si l'on veut sauver un peu de notre civilisation, de notre environnement, de notre bien-être, il va falloir changer fondamentalement notre façon de penser le monde et notre relation à autrui. Passer ou repasser du faber au sapiens. Mais il évoque aussi toute la difficulté à le faire.
Le faber est bien ancré en nous, il est pratique, nous a amené le confort et la sécurité. Il se pense en conflit avec Sapiens alors qu'il devrait travailler de concert avec lui.
L'homme est réticent au changement, surtout si celui-ci implique une baisse de son niveau de vie, de son bien-être lié à l'accumulation matérielle. Il ne peut se satisfaire de l'idée que son changement de mode de vie, plus sobre mais aussi plus contraignant, puisse sauver des vies, humaines et non humaines.
Cet essai met en évidence que le gap à franchir pour changer notre façon de voir le monde est bien plus grand que ce que l'on peut croire au premier abord. Il nous faut carrément modifier de notre façon de penser et pas seulement notre façon de consommer les énergies fossiles.

mardi 14 mars 2023

Tout le bleu du ciel


1. L'auteur :
Mélissa Da Costa

2. Résumé de l'œuvre 
Il a 26 ans et il est atteint d'une maladie orpheline, une forme d'Alzheimer précoce. Il est condamné, les médecins lui donnent 2 ans.
Elle a 29 ans, adepte de la méditation pleine conscience, végétarienne et silencieuse.

Emile a décidé de fuir. Fuir sa famille qui le prend en pitié. Fuir sa peine qu'il traîne depuis que Laura, son ex copine, l'a quitté. Fuir le monde médical qui cherche à l'enfermer, à lui faire subir des tests pour étudier sa maladie sans lui proposer de solution. Il acquièrt un camping car, poste sur le net une annonce pour trouver un compagnon de voyage et se lance à l'aventure.

Joanne répond à son annonce et accepte le défi proposé par Emile. Ils se rejoignent et partent dans les Pyrénées. Elle se moque de leur destination. Elle reste mutique et ne confie rien à Emile qui apprend à son tour l'observation silencieuse de la nature.

Ils cheminent ensemble, apprennent doucement à se connaitre et à gérer la maladie d'Emile. Ils prennent le temps de l'introspection, de la découverte de soi et de l'autre.

3. Avis personnel
Tout le bleu du Ciel est un beau roman qui mérite son succès de librairie. Il est bien écrit, bien rythmé même si parfois j'y ai trouvé quelques longueurs, voire quelques répétitions.

L'autrice a décidé d'utiliser un narrateur omniscient puis d'alterner la focalisation entre les deux personnages principaux. On passe donc progressivement de l'esprit d'Emile, plus alerte au début du livre, à celui de Joanne quand Emile n'est plus à même de réfléchir.

Joanne suggère assez tôt dans le roman à Emile de tenir un journal quotidien qui lui servirait d'aide mémoire en cas de souci. C'est ce journal qui nous permet de voir évoluer Emile. Alors qu'au début du livre, il était un jeune homme superficiel, au contact de Joanne, il devient observateur, réfléchi, attentionné, poète même. Son langage se fait plus imagé. Ensuite, sa maladie progresse et son langage se modifie à nouveau, il redevient comme un enfant parfois.

Les personnages sont très attachants. Emile n'est pas parfait, il peut se montrer hautain, moqueur, jaloux, immature mais aussi tendre, attentif et ouvert d'esprit.
Joanne, quant à elle, est simple, torturée par son passé, patiente, empathique. Elle prend à cœur la mission confiée par Emile alors qu'ils ne se connaissent même pas. Cela redonne un sens à sa vie mais on sait qu'Emile est condamné. Que deviendra-t-elle quand il ne sera plus là ?
On pleure, on sourit dans ce livre que j'ai lu très très vite malgré son épaisseur. Beaucoup d'émotions passent dans l'écriture de Mélissa Da Costa. Une sacré découverte !